« Devenir coache à quarante ans, c’est un peu cliché, non ? », « Ah, tu es coache, maintenant ? Un peu comme tout le monde, quoi… », « Coache ? C’est pas un peu dépassé comme travail ? », « Coache ? Mais coache de quoi ? Coache sportive ? Coache de vie ? », « Coache, tu n’as vraiment rien trouvé d’autre ? ».
Le pire, dans cet agrégat, c’est que la seule personne qui ait osé formuler ces questions, c’est moi. Première leçon, ma vieille, accroche-toi : « Tu es capable d’être ta pire ennemie ».
Pourtant, pourtant, coacher, c’est ma zone d’excellence, ma zone de génie, mon promontoire.
Toute ma vie professionnelle a été faite dans l’ombre d’un autre, d’une équipe, d’une manager pour lui permettre de réaliser ses propres objectifs – c’était plus ou moins choisi mais tout à fait heureux.
Quand est venu le moment de la fameuse crise de la quarantaine – qui ressemble surtout à une occasion folle d’interroger ce que, pour ma part, je n’avais jamais pris le temps de faire, à savoir mes envies ainsi que mes principales qualités et compétences – j’ai assez vite identifié que l’accompagnement des autres était sans doute ce que je savais faire de mieux ainsi que ce qui me donnait des ailes. Rester dans l’ombre pour mettre les autres dans la lumière, j’adore ça.
Alors, je me suis formée. J’ai commencé par une formation sur un an, en bon et due forme. Je ne suis pas certaine d’avoir le droit de dire que je suis loin d’avoir tout aimé – mais c’est le cas. D’abord il y a eu le collectif, les certitudes des autres et les miennes, les découvertes de tout un tas de facettes de moi-même et du métier que j’ai adoré tout autant que détesté. Et puis la quantité de travail, de livres à lire et digérer, de connaissances à intégrer – le tout dans un contexte professionnel contraint qui m’a conduite pas loin de l’épuisement. Bref, je suis loin d’avoir mis cinq étoiles au voyage.
Pourtant, quand il s’est agi de se jeter à l’eau, de rencontrer ses premiers clients et bientôt, ses premières clientes, là, là, j’ai aimé. A peu près tout : l’inquiétude folle juste avant de commencer et perdre pied pendant un bon bout de temps, me faire balloter et reprendre pied sans savoir vraiment comment – grâce au travail de préparation antérieur évidemment mais impossible sur le coup de savoir de quoi il retourne – les moments d’émotion et de découverte mutuels, la puissance des silences et des questions qu’on oserait jamais se poser à soi-même en dehors de ce cadre. La puissance libératrice surtout, de ce travail à deux, main dans la main, dans une confiance totale et dans la douceur du discours nécessaire et généreux.
Alors j’ai recommencé, encore, et encore. A me former aussi, à échanger, partager, et recommencer. Vivement demain.